Une politique de mobilité bien pensée repose sur davantage que des choix de transport. En tant qu’employeur, il faut entendre ses collaborateurs au bon moment. Quelles alternatives peut-on leur proposer et comment peuvent-ils les utiliser de manière flexible? C’est une question essentielle pour toute entreprise qui souhaite engager et conserver ses talents, estime Thomas Goorden (EY). Sabien Lemaire, de l’entreprise de services de ressources humaines Liantis, confirme ce point de vue et l’illustre d’exemples concrets.

“Bien que Liantis compte près de 1.800 collaborateurs, elle est organisée de manière décentralisée: nous possédons 60 antennes sur l’ensemble du pays”, précise sa directrice des ressources humaines, Sabien Lemaire. “Un tiers des membres de notre personnel disposent d’une voiture de société. La plupart en ont besoin pour visiter des clients chaque jour. En outre, une petite minorité de managers ou de membres de la direction bénéficient d’une voiture en tant que composante de leur assiette salariale.”

Des moyens de transport alternatifs

“La voiture reste le mode de transport le plus utilisé en Belgique pour les déplacements domicile-lieu de travail”, pointe Thomas Goorden, manager People Advisory Services chez EY. “Ceci dit, les nombreux embouteillages, le stress qu’ils causent et les possibilités de stationnement limitées contraignent à la fois les entreprises et les salariés à rechercher des alternatives. Le plan de mobilité doit se composer d’un ensemble varié d’initiatives. Cela demande un travail sur mesure, car chaque situation est particulière. Chaque entreprise est unique.”
Parmi les moyens de transport alternatifs, le vélo se distingue tout particulièrement. “Pour les entreprises, cette formule comporte plusieurs défis”, prévient Thomas Goorden. “Il faut prévoir l’infrastructure: un stationnement sûr, des douches, un vestiaire, des chargeurs, etc. Heureusement, l’État les aide via plusieurs avantages fiscaux”.

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“Nous accordons une priorité absolue au service client. Notre client ne saurait être pénalisé par l’absence physique d’un collaborateur.”
Sabien Lemaire DRH de Liantis

“Les vélos en pool et les transports publics doivent également être inclus dans le mix de transport idéal”, complète Sabien Lemaire. “Aidés d’un outil spécifique, nos collaborateurs peuvent encoder séparément chaque déplacement, par exemple pour obtenir une indemnité vélo. Même s’ils n’utilisent le vélo qu’une fois par semaine ou uniquement pendant les mois d’été.”
Selon Thomas Goorden, il importe en effet que la technologie soit intégrée au plan de mobilité, de manière à alléger les charges administratives. Encoder les kilomètres parcourus sur Excel, c’est dépassé! L’entreprise doit s’équiper d’un outil capable de gérer tous les aspects du plan. Qui plus est, les collaborateurs doivent être convaincus de l’utilité de ces initiatives… et ne pas avoir l’impression d’être contrôlés pendant leur temps libre. “Il faut permettre au collaborateur de faire ses choix personnels. Installer des trackers sur les véhicules de société n’est assurément pas une bonne idée.”

Patience

Outre les moyens de transport, il convient de considérer le plan de mobilité de manière plus flexible, poursuit Thomas Goorden. Sabien Lemaire offre l’exemple de Liantis: “Nos collaborateurs peuvent travailler depuis leur domicile un jour par semaine. Un salarié sur cinq exploite cette possibilité, qui n’est pas une obligation. Grâce à notre réseau étendu d’agences, le salarié peut aussi télétravailler dans des conditions identiques à celles de son bureau habituel. Enfin, nos plus grandes agences comprennent des espaces flex.”
Garantir une telle autonomie et une telle liberté nécessite évidemment une bonne dose de confiance. “Les dirigeants doivent renoncer au contrôle, se concentrer sur les résultats et non plus sur la présence effective”, juge Sabien Lemaire. “Autrement dit, conclure des accords sans ambiguïté quant aux objectifs à atteindre et aux délais pour y parvenir. Ce n’est pas parce qu’un salarié est assis à son bureau qu’il est forcément productif… En revanche, nous accordons une priorité absolue au service client. Notre client ne saurait être pénalisé par l’absence physique d’un collaborateur. La technologie permet heureusement d’éviter cet écueil de plus en plus facilement.”

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“Un plan de mobilité intégré exige un exercice de réflexion poussé et ne présente que des avantages, tant financiers qu’en termes de bien-être.”
Thomas Goorden manager People Advisory Services chez EY

Thomas Goorden insiste quant à lui sur l’importance du coaching pour les collaborateurs et les dirigeants. “L’esprit d’équipe doit subsister. Lorsque les collaborateurs ne se rencontrent plus physiquement, le contact se perd et ce n’est pas souhaitable, bien sûr. Certes, un plan de mobilité intégré ne peut être mis en place du jour au lendemain: il exige un exercice de réflexion poussé et l’implication de tous, tant dans la phase conceptuelle qu’exécutive. Reporter le plan de mobilité pour des raisons de budget n’est toutefois pas une option. Car un plan efficace bénéficie au salarié, à son employeur et, par extension, à toute la communauté.”
“Enfin, le plan de mobilité peut aussi contribuer à attirer de nouveaux collaborateurs”, conclut Thomas Goorden. “Et à renforcer la satisfaction des collaborateurs en place”, ajoute Sabien Lemaire. “Des collaborateurs heureux sont plus productifs.”

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