La rotation importante du personnel dans une organisation n’est pas nécessairement un problème. Bien sûr, parmi vos collaborateurs, il en est certains que vous désirerez conserver coûte que coûte. Mais le départ de ceux qui ne se sont pas aussi bien intégrés à votre organisation est un moindre mal. D’autres, enfin, reviendront peut-être un jour. La science des données vous aide à définir une stratégie de rétention performante. Notamment grâce aux logiciels statistiques utilisés par votre département marketing.

Les ressources humaines sont en pleine évolution. Des départements qui s’occupaient du traitement administratif de tout ce qui touchait au personnel se transforment en entités à part entière, qui participent à l’orientation stratégique des organisations. Et la technologie y joue un rôle de plus en plus important, par exemple pour conserver les collaborateurs à bord, souligne Steven Marx, Senior Manager chez EY. En tant que data analyst, il cherche notamment à prévoir la rotation du personnel. “De nombreuses entreprises offrent une prime de rétention à un collaborateur susceptible de partir. Mais ce n’est pas toujours la mesure la plus efficace sur le long terme.”
Qui part? Pourquoi? Quels indicateurs peut-on distinguer? “Souvent, le salaire n’est pas la seule raison”, répond Steven Marx. “Les relations de travail et le contenu des tâches sont absolument essentiels. Une autre explication fréquente est le salaire de référence, en comparaison avec des collègues qui réalisent un travail similaire. Il en va de même pour les promotions. Tout est relatif.”

Expérience

“Il faut effectivement poser les bonnes questions”, confirme Niels Selleslach, lui aussi Manager chez EY. Il s’occupe de projets innovants en ressources humaines, tant en externe qu’en interne. “La guerre des talents ne fait que s’intensifier. Lorsque des entreprises investissent dans leurs collaborateurs, ces investissements doivent être rentables. La rotation du personnel est considérable, surtout chez les jeunes diplômés. Souvent, des attentes irréalistes sont en cause. Les collaborateurs qui ont déjà acheté une maison ou qui élèvent des enfants sont généralement plus casaniers. Le turnover dépend aussi du niveau de carrière et du background du collaborateur. Les profils technologiques, les data scientists, les spécialistes de l’intelligence artificielle et de l’intégration de systèmes, mais aussi toutes les personnes capables d’assurer la traduction entre l’informatique et l’expertise sont particulièrement prisés… et donc plus enclins à quitter l’organisation.”

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“Il est possible d’accumuler ailleurs de l’expérience et des idées précieuses que l’on importera ensuite chez son précédent employeur.”
Niels Selleslach Manager chez EY

“Certains départs n’ont rien de grave, d’autres doivent être évités à tout prix, sans oublier ceux qui quittent l’entreprise pour y revenir plus tard”, ajoute Niels Selleslach. “Ces derniers peuvent apporter une plus-value significative à long terme. Plus personne ne reste 45 ans chez le même employeur! Il est possible d’accumuler ailleurs de l’expérience et des idées précieuses que l’on pourra ensuite importer chez son employeur précédent. C’est nettement préférable à des collaborateurs qui décrochent mentalement.”

Suivi

Parmi les paramètres exploités dans le modèle élaboré par EY pour les entreprises, on retrouve ainsi la santé. “Des absences qui se multiplient subitement chez un collaborateur peuvent être interprétées comme un signe d’insatisfaction”, prévient Steven Marx. “Évidemment, on a besoin de données suffisamment variées pour développer un tel modèle. Et parallèlement à Excel, ces données exigent une grande maîtrise des statistiques. L’expertise numérique que l’on retrouve fréquemment dans le département marketing peut s’avérer très utile aux ressources humaines.”

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“Des absences qui se multiplient subitement chez un collaborateur peuvent être interprétées comme un signe d’insatisfaction.”
Steven Marx Senior Manager chez EY

“Outre les données objectives, il est crucial de recueillir des informations subjectives, telles que la manière dont la culture de l’entreprise est perçue et les valeurs des collaborateurs”, complète Niels Selleslach. “Nous pouvons réaliser une analyse plus pointue de ces valeurs avec des techniques provenant de l’intelligence artificielle, y compris chez les petites entreprises où nous manquons de données pour élaborer un modèle. Dans ce cas, il faudra analyser en profondeur les entretiens de sortie, par exemple.”
“Il convient enfin de mettre en place un suivi permanent”, conclut Steven Marx. “Contrôler une fois par semaine un aspect particulier est plus efficace qu’organiser une fois par an une grande enquête pour en tirer ensuite d’importantes conclusions. Réagissez à temps aux collaborateurs insatisfaits de leur emploi et de leur situation pour une raison donnée. Mieux vaut cela que les voir partir et ne jamais revenir.”

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