Chacun recherche des marques d’estime personnalisées

Les marques d’estime et de reconnaissance sont des besoins primaires dans lesquels les talents puisent de l’énergie et récoltent des informations sur la manière dont ils font leur travail. Les exigences en la matière varient selon le secteur, la personne et la génération. Jeroen Ameel (44 ans) est colonel des pompiers dans la zone de secours du Brabant flamand. Il bénéficie d’une grande considération sociale dans l’exercice de ses fonctions: “Le citoyen respecte notre travail. Des enquêtes annuelles révèlent que nous jouissons de la confiance de la population. C’est pour moi une source de motivation importante qui me permet de continuer à exercer mon métier avec plaisir.”

u terme d’études universitaires en économie, Suzanne Roobrouck (25 ans) a entamé une carrière de consultante au sein des People Advisory Services d’EY voici un an et demi. “J’ai opté pour l’un des Big Four. Ici, j’ai énormément d’opportunités d’avancement. Je peux accéder à une fonction et à un barème plus élevés chaque année. Des possibilités de promotion et un ensemble de tâches dynamiques sont les principales formes de reconnaissance qu’un employeur peut me manifester.”

Spécialiste des projets de recrutement et d’employer branding chez GSK Wavre Apollo, Laetitia Van Haelen (34 ans) voit une vraie forme de considération dans la chance que lui offre son employeur de concilier travail et vie privée. “J’ai deux enfants en bas âge. Comme je peux travailler où et quand je le souhaite, il m’est beaucoup plus facile de combiner carrière et vie de famille que dans mon emploi précédent, une start-up où je passais de longues heures au bureau sans grande flexibilité.”

Selon Laetitia Van Haelen, c’est une manière pour l’entreprise de montrer qu’elle apprécie aussi ses collaborateurs en dehors des heures de travail. En outre, un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée profite à tout le monde. “Le travailleur est moins stressé, l’employeur enregistre de meilleures performances, et tout ceci se reflète sur les clients de l’entreprise.”

Aux yeux de Jeroen Ameel, les témoignages de reconnaissance au sein de l’entreprise pourraient être plus individuels, plus personnalisés. “Les marques de considération devraient davantage se concentrer sur la personne et moins sur la fonction. Nous disposons du meilleur matériel, du meilleur équipement possible pour exercer notre emploi dans une sécurité et un confort optimaux, et ce, en toutes circonstances. C’est assurément une preuve d’estime de la part de l’employeur.”

“Après une intervention, un officier crie souvent dans le couloir à ses hommes qu’ils ont fourni un excellent travail. Ce message pourrait être nettement plus personnel! Le mieux serait de l’exprimer par moment sur une base individuelle; les destinataires se sentiraient plus étroitement concernés.”

Sur ce plan, Suzanne Roobrouck trouve les entretiens trimestriels avec son counselor très précieux. “On voit où on en est et où l’on veut se trouver dans six mois. Le sentiment d’être écoutée constitue pour moi une puissante forme de reconnaissance. Je sens que ce que je fais et dis a de la valeur. Que je ne suis pas le énième rouage anonyme d’une énorme machine.”

Laetitia Van Haelen tire elle aussi de l’énergie du feed-back direct livré par des managers et collègues. “Après avoir accompli avec succès un projet dans lequel j’ai investi un temps considérable, je retire une grande satisfaction d’un simple merci. Nous avons développé un système de reconnaissance à l’échelle de l’entreprise: chacun a la possibilité de mettre un collègue à l’honneur avec une carte de remerciement. Voire de recommander un collègue pour un bonus en cash en fonction des prestations fournies. Il s’agit pour moi d’une excellente forme de reconnaissance.”

Jeroen Ameel accorde de l’importance à son paquet de rémunération, même s’il n’y voit pas une vraie source de motivation. “Je n’envisage pas mon salaire comme une marque d’estime. Je le reçois simplement chaque mois en échange des prestations que j’ai fournies. Je m’intéresse beaucoup plus à la liberté dont je jouis dans ma fonction. En tant qu’organisation, nous pouvons décider nous-mêmes de l’affectation des moyens financiers que nous recevons des administrations communales. Je peux ainsi parfaitement déployer ma vision.”

Pour tout le monde ou presque, les formations représentent une forme de reconnaissance. “L’employeur, dès lors qu’il propose des possibilités de formation, lance un signal clair: il désire que nous exercions notre dans les meilleures conditions possibles”, avance Suzanne Roobrouck. “À mes débuts chez EY, j’ai suivi plusieurs formations de base grâce auxquelles j’ai trouvé rapidement ma place. J’ai régulièrement droit à des moments lunch & learn consacrés à des sujets précis. On pourrait juste nous sonder un peu plus sur les formations qui nous paraissent intéressantes, et sur la façon dont nous souhaitons les suivre.”

Depuis peu, l’employeur de Laetitia Van Haelen lui permet de demander des formations par le biais d’une application numérique. “Je fais une recherche par mot-clé ou je feuillette un catalogue adapté à ma fonction et à mes tâches, puis je demande ou réserve une formation. Avec ce système très convivial, notre entreprise attribue les formations qui correspondent le mieux à chaque travailleur. C’est une marque d’appréciation qui compte à mes yeux.”

Chez Jeroen Ameel, les formations sont régies par l’administration. “Un arrêté royal fixe le nombre d’heures de formation dont chacun doit bénéficier. En plus de ces obligations légales, nous pouvons suivre jusqu’à deux formations supplémentaires de notre choix chaque année. J’ai récemment terminé un ‘master après master’ à l’Antwerp Management School. Pour moi, ce cocktail de formations imposées et de liberté de choix est parfait. C’est aussi une manière, pour notre employeur, de montrer qu’il nous apprécie. Et soyons honnêtes: tout le monde a besoin de marques de considération dans son emploi, non?”